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12/04/2011

Lean SAP

Un oxymore pour les uns

Une rencontre improbable pour les autres entre deux mastodontes ou machins au sens gaullien du terme.

En tous les cas SAP et le "LEAN" sont aujourd'hui au coeur de l'entreprise industrielle et leur cohabitation est parfois difficile voir contradictoire alors que combiner la puissance de ces deux outils demeure possible et apporte un réel avantage concurrentiel opérationnel à l'entreprise.

Pour mieux comprendre l'antagonisme initial de ces deux mondes, il me paraît important de revenir aux sources de la création et du développement de ces outils.

SAP est devenu au jour d'aujourd'hui la référence des progiciels de type Enterprise Requirement Planning ou dit "ERP". A partir d'un extraordinaire logiciel de consolidation comptable et financière, il a évolué et s'est élargi aux différentes fonctions clé de l'entreprise; Approvisionnement et achats, planification de production et ordonnancement, qualité, distribution et stockage pour ne citer que les plus connus.. tout en restant à la base ce remarquable logiciel comptable et financier.

Son développement a été porté dans le début des années 90 par la vague de globalisation des grands groupes qui souhaitaient intégrer au niveau mondial dans des temps courts des flux d'information importants et les rendre accessibles et visibles à travers l'ensemble de leur organisation.

Lean doit son appellation aux auteurs, Womack et Jones, qui ont conceptualisé les principes opérationnels de Taiichi Ohno, le pape et l'inventeur du Toyota Production Système dans un livre "La machine qui changea le monde". La perte de compétivité dans les années 80 des firmes automobiles occidentales face à leurs concurrentes japonaises les força à importer ce modèle de management, pas forcément adapté à leur culture d'entreprise ou à l'ADN de leurs dirigeants. Ce qui expliqua par la suite les résultats parfois mitigés de telle transplantation.

Revenons à notre propos initial, le prétendu antagonisme entre ces deux mastodondes et leur adjustement nécessaire et réciproque au bon fonctionnement de l'entreprise et à l'amélioration de sa performance.

Je prendrais deux exemples pour illustrer mon propos:

Dans le cas de SAP, contrairement aux intentions initiales mentionnées ci dessus, seul un "Key user" a une compréhension globale des transactions et de l'avancement à un instant t du flux d'information. Rarement les dirigeants sont les key users et même souvent le Directeur du système d'information a délégué cette compréhension à certains membres de son équipe. La conséquence est simple, le monde de SAP est devenu opaque, non fluide et fortement consommateur de ressources administratives.

Comment la boite à outils "LEAN" peut être utilisée pour sortir de cette opacité? L'un des premiers exercices que je fais avec mes équipes dans ce cas de figure est une cartographie du processus transactionnel, exercice simple qui consiste à afficher sur un "brown paper" au mur une impression de chacune des transactions, d'en quantifier les encours et stocks, d'identifier les responsables mais surtout les passages de relais etc...

Une grande constance dans cet exercice est la constation de la déconnection entre le flux physique des matières et produits dans l'atelier et du flux d' informations. Nous y reviendrons dans la conclusion de cet article.

Une autre grande contradiction entre l'utilisation de SAP et la pratique du lean management est la planification et l'ordonnancement de production.

Le module de planification de production de SAP est fondamentalement un processus "push", il pousse les orders de fabrication que lui propose le système en total déconnection avec la réalité de l'avancement des "OFs" dans l'atelier.

De fait il est aux antipodes de cette pratique qui est le "Pull" préconisé dans la méthode "Lean", plus proche du terrain, prenant en compte les aléas de production, travaillant systématiquement sur le "TRS" des moyens de production, la polyvalence et polycompétence des opérateurs et l'équilibrage en temps réel des postes de travail...etc..

Nous discernons par ces deux exemples un réel antagonisme entre la pratique LEAN et l'utilisation de SAP. Et pourtant.....

Pourtant modulo quelques pré requis les deux approches peuvent converger dans leur mise en oeuvre et réhausser la performance opérationnelle de l'unité de production.

Ces pré requis sont les suivants:

1- Assurer en permanence la cohérence du flux d'information avec le flux physique. En pratique cela nécessite que le flux informatique suit le flux physique ce qui demande que certaines transactions de SAP soient effectuées directement par les opérateurs.

Cette évidence est dans de nombreuses entreprises un réel défi en changement des mentalités pour les opérateurs, la maîtrise d'atelier et le personnel de bureau en charge de ce type de tâches.

2- Les modes opératoires ou d'approvisionnement préconisés dans la pratique LEAN peuvent continuer à être utilisés, par exemple le fameux Kanban. SAP permet d'utiliserce mode d'approvisionnement de type PULL avec des fournisseurs de proximité. En terme d'approvisionnement, SAP permet d'enrichir significativement les manières de commander et de réceptionner de la matière par point de commande ou par recomplètement périodique. D'une manière générale en mettant de l'information accessible aux fournisseurs via un EDI " Electronic data information" ou un intranet SAP favorise la coopération entre client et fournisseur nécessaire à tout système industriel de type Toyotiste.

 

 

 

 

 

16/02/2011

Politique et stratégie industrielle à la française (part2)

A contre-pied des incantations actuelles sur la nécessaire revitalisation de l’industrie en France, je souhaiterais évoquer les conditions pratiques et opérationnelles pour un possible retour de l’industrie en France.

 

Pour envisager de telles conditions, il me paraît absolument nécessaire de comprendre et intégrer l’environnement concurrentiel industriel actuel.

Un premier élément à prendre en considération est la capacité excédentaire que la Chine a construite, conséquence directe des plans de relance de l’économie qu’elle a mise en œuvre suite à la crise financière d’octobre 2008.

Cette surcapacité crée un déséquilibre notoire qui rend d’autant peu possible une compétition au niveau international équitable.

Je saisis cette occasion pour m’insurger contre l’entrée de la Chine en 2001 dans l’OMC sans conditions réciproques légitimes dans l’ordre des échanges.

Comment un éminent haut fonctionnaire français, par ailleurs membre du parti socialiste Pascal Lamy a pu permettre une telle distorsion dans les échanges, amplificateur du chômage dans nos pays développés ?

A élargir le débat nous pouvons nous questionner comment réconcilier les dirigeants du parti socialiste avec les couches populaires en France après de telles bévues ?

Un autre chemin de travers à ne pas prendre est la piste du protectionnisme industriel au niveau européen prôné en particulier dans le livre « Après la démocratie » d’Emmanuel Todd.

En aparté les évènements en Tunisie et en Egypte de ces dernières semaines rappellent à juste titre combien l’étude de la démographie est le meilleur à mon avis facteur de prévision d’évolution et de tendances.

Rien n’était plus prévisible que l’irrémédiable montée du désir de changement de cette population jeune, mieux éduquée et directement connecté via internet et les réseaux sociaux aux sociétés développées, véritables pays aux cavernes d’Ali Baba.

Je rends hommage à Emmanuel Todd pour ces analyses sur les tendances de fond d’évolution du monde en général en partant des études démographiques.

Par contre à la lecture de son livre, la motivation profonde d’un tel protectionnisme industriel qu’il met en avant est de rendre possible la montée des salaires.

Ce n’est pas la bonne piste !

Si un redémarrage de l’industrialisation peut passer momentanément par des mesures de partenariat public et privée privilégiées, il me paraît évident que nous  pouvons que nous  mesurer à une compétition mondiale pour rendre pérenne un tel redémarrage de l’industrie.

Je reviendrais dans l’article suivant à ces conditions opérationnelles et pratiques de cette relance de l’industrie en France.

12:49 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

01/02/2011

Politique et stratégie industrielle à la française ( Part one)

 

Dans le contexte actuel d’hyperbole sur le thème de la nécessaire revitalisation de l’industrie en France, thème cher à notre président, un blog qui s’appelle « l’avenir de l’industrie » ne peut que réagir à ces effluves, partager ses opinions et contribuer au débat.

 

Tout d’abord apprécions le moment ! Depuis des années, les plus savants économistes nous garantissaient que la destinée fatale de l’économie nous amenait inexorablement à une économie orientée vers les services et que l’activité industrielle était condamnée à régresser au nom de la sacro-sainte postmodernité.

 

Or une industrie compétitive et fortement implantée dans les tissus économiques régionaux et locaux fournit un socle au développement économique, à l’harmonie sociale et à l’aménagement du territoire tout en garantissant une indépendance nationale dans un contexte de mondialisation.

 

Une comparaison rapide mais pertinente pourrait être faite avec le maintien d’une agriculture française grâce à la politique agricole commune européenne et malgré les subventions qui ont apportées une profonde distorsion au principe du libre échange. Force est de constater aujourd’hui que ce secteur économique reste exportateur et nous garantit une sécurité dans un monde où la question alimentaire va devenir majeure dans les années à venir suite à la croissance de la population mondiale.

 

Pour revenir à la question de la nécessaire revitalisation de l’industrie française, il est force de constater que lors des trente cinq dernières années nous avons eu une approche malthusienne en désinvestissant et fermant nos usines et que lors des vingt dernières années nous avons bradées notre industrie à l’étranger.

Pour illustrer mes propos, je citerai pour le premier point la fermeture des hauts fourneaux de Lorraine dans les années soixante –dix et pour le deuxième la vente de Péchiney à Alcan puis Rio Tinto. Péchiney berceau historique de la fabrication de l’aluminium  et avant-garde mondiale de l’amélioration des processus de fabrication de l’aluminium au moment de sa cession.

 

Ce premier article tentait de fixer le décor, de rendre compte du passif quant à une éventuelle revitalisation de l’industrie en France.

Le deuxième article rendra compte de conditions extérieures actuelles dans laquelle une telle revitalisation aurait lieu et serait d’autant plus difficile.

 

 

18:12 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)