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18/09/2011

Lean et le travail temporaire

Je saisis l’occasion de l’annonce faite par Toyota la semaine dernière de recruter 800 personnes en contrat à durée déterminée de 18 mois pour leur usine de Valenciennes pour faire quelques remarques.

Tout d’abord cette annonce est passée quasiment inaperçue dans la presse alors que nous sommes abreuvés en ce moment de toutes les mauvaises nouvelles en la matière, c'est-à-dire les plans de suppression d’emploi.

Ensuite il me paraît intéressant de s’interroger et de s’étonner comment un industriel japonais aussi fameux que Toyota est prêt à s’engager dans le recrutement de personnel ouvrier en France alors que nous avons plutôt l’impression que les industriels français ont tendance à fuir le territoire français pour localiser de la production ailleurs, dans des pays dits à bas coûts. La fuite qui a lieu sur la possible suppression de 1000 emplois intérimaires par le Groupe Schneider vite étouffée par les politiques est symptomatique de cette aversion à faire travailler français et à trouver des avantages parfois illusoires à cette localisation dans l’Ailleurs. Le divorce entre les capitaines d’industrie français et leur base ouvrière a la vie dure et le désastreux « entreprise sans usine » du début des années 2000 est encore d’actualité ! Que serait un France sans usine ? Ou pour faire un parallèle, que serait une France sans agriculture et agriculteurs  aujourd’hui dans un monde à la population croissante et ou la question alimentaire devient de plus en plus importante?

La remarque suivante touche plus à l’analyse de la décision de Toyota d’utiliser le contrat à durée déterminée dans sa durée légale la plus longue c’es à dire 18 mois. Je vois ici une décision de compromis, pragmatique et qui reflète en effet même chez les plus motivés des employeurs des messages implicites.

Je m’explique,

Toyota par son système de production met l’emphase sur la formation des employés pour qu’ils atteignent une parfaite maîtrise des tâches standards qui sont allouées au nouvel employé pour atteindre un niveau de qualité exemplaire et pour permettre le niveau de polyvalence nécessaire.

Or cela nécessite du temps, de la patience…A titre d’anecdote pour illustrer ce point, une histoire dans l’usine commune de Peugeot et Toyota en Tchéquie pour la fabrication de la gamme commune Peugeot/ Citroen/ Toyota circulait ; Suite à une augmentation de cadence, le recrutement d’intérimaires a été envisagé par la Direction du site. L’encadrement de Toyota réagit en affirmant que cela va créer un problème, le camp Peugeot ne comprenant répond « mais en quoi cela va poser problème ». Très japonais avec beaucoup de déférence vis-à-vis de leurs interlocuteurs français, les représentants Toyota continuent de répéter « cela est un grave problème ! ». N’en pouvant plus, le management français se met en colère et demande « mais dites nous quel est le problème ? »

Finalement les japonais font part de leur préoccupation et disent « Ils seront à peine formés qu’ils auront terminés leur contrat et devront nous quitter »

Cette anecdote est symptomatique de l’approche différente de la relation du management vis-à-vis de l’employé.

Autre remarque ; Par contre le choix de Toyota, apôtre de l’emploi à vie, de recourir à des contrats à durée déterminée reflètent deux réelles préoccupations. Le contrat de travail à durée indéterminé est trop rigide, le processus de licenciement individuel ou collectif est trop coûteux et trop long. Il crée des injustices de statut, de gestion de l’incertitude entre les travailleurs aux contrats à durée déterminée et durée indéterminée. Une nécessaire réforme du contrat de travail est nécessaire pour permettre une meilleure intégration des jeunes dans l’entreprise industrielle française.

Avis au candidat à la présidence de la république en 2012 !

 

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